Quartier durable citoyen : la (pré)histoire
Les toits végétalisés du parking du centre sportif Willegems offraient un nouvel espace vert public au quartier mais ne comportant que peu d’intérêt et rapidement vandalisé. Baptisé par la commune Les jardins du Villageois, nous avons voulu avec leur accord en faire le jardin des villageois, du quartier.
Au niveau du groupe porteur, nous avions envie de potagers pour venir jardiner en famille, d’un compost pour alléger nos poubelles et nourrir le potager, un jardin gourmand pour tous avec des petits fruitiers et des herbes aromatiques, un jardin où il est agréable de retrouver les voisins, petits et grands, un lieu de vie culturelle aussi. On le voyait déborder sur les rues, florissant les trottoirs, repensant l’aménagement des voiries en faveur du piéton,…
Nous avons ainsi décidé de rentrer notre candidature auprès de Bruxelles-environnement pour devenir Quartier Durable Citoyen. Il nous fallait commencer par un état des lieux : savoir si ce projet avait de l’intérêt auprès d’un nombre plus large d’habitants, ce qu’ils avaient envie de faire de cet espace, identifier les ressources humaines et institutionnelles.
Nous avons profité de l’invitation lancée pour un apéro de quartier pour égrener de fausses informations sur le devenir du lieu afin de donner l’envie aux gens de venir pour en savoir plus : le centre sportif allait devenir un centre fermé pour réfugiés, les toits, un cimetière, le troisième???, photos de circonstance à l’appui :
- Programmation de l’ouverture du centre fermé de la rue du Villageois
- Un jardin où il fait bon se retrouver… dans la nature. Venez savourer ce bien-être !
- En souvenir des Jardins du Villageois… aire de repos éternel
Mur des possibles, dessins des adultes comme des enfants de ce qu’on aimerait voir et faire dans ce jardin nous ont permis d’étoffer davantage nos envies. Dessiner votre potager
Nous avons demandé les conseils d’un expert de “Potage-toit” pour savoir ce qu’il était possible et préférable dans ce contexte particulier et réalisé un inventaire des ressources. Voir la page équipement
Pour finir, un questionnaire fut diffusé par mail et toutes-boîtes pour encore davantage élargir le public sondé quant à ses envies et les ressources qu’il pourrait apporter. Nous en avons reçu 86 de retour!
17 personnes étaient prêtes à participer aux réunions, 36 à alimenter le compost, 20 à donner du temps pour aider à jardiner, 12 à bricoler,… Forts de tout cela, nous avons déposé 4 projets Quartier Durable Citoyen : le compost, le potager, un jardin pour la biodiversité et un jardin pour la convivialité. Présentés à l’échevin de l’espace public, le collège échevinal a marqué son accord de principe sur tous.
Les 4 projets ont été acceptés par Bruxelles-environnement début 2014. Il n’y avait plus qu’à remonter nos manches . Nous avons commencé par mettre en place le compost et le défrichage de deux parcelles . Il a fallu remplacer le substrat caillouteux par de la bonne terre, brouette après brouette, planter des petits fruitiers, installer d’abord 9 bacs potagers, puis 5 autres et un espace collectif . La commune nous a installé une table et des bancs, fournit la bonne terre et évacue les déchets .
Sont venus ensuite des fruitiers palissés dans une troisième parcelle fleurie d’abord avant d’y aménager 3 nouveaux bacs potagers . En contrebas, après les différentes étapes, des fleurs vivaces ont été semées, l’espace étant régulièrement enrichi du compost . Une cabane a pris place dans cet espace afin de pouvoir y stocker matériel de jardinage et autres pour nos festivités . Près de là, nous avons construit un poulailler . Des ruches sont disposées en contre-bas . Sur 4 ans, il n’y a que l’espace enfants qui n’a pas été développé même s’ils ne nous attendent pas vraiment pour le faire, s’improvisant des petits coins secrets avec des potagers à eux… Ce jardin, à le regarder, ressemble de plus en plus à celui dont on avait rêvé…
Mais les plus fous ont continué à rêver : si on construisait une serre-orangerie, bois et verre, pour se détendre où se retrouver au sec, où faire des cultures précoces ou plus exotiques. Imaginez … un coin transat et hamacs, un four à pain ou à pizza, des bacs débordant de poivrons, melons, des citronniers, des palmiers, des baobabs, non, ça peut-être pas…
Nouveaux subsides demandés, maquettes, plans et re-huile de bras, l’ossature commence à se dresser timidement mais sûrement. Qui architecte, qui technicien, qui bricoleur, qui rien de tout cela mais seulement de bonne volonté, sans jamais escamoter les sacrés petits plats partagés.
Dans … ? années, vous la verrez cette grande serre de quartier. Ce que je crains, c’est qu’à peine terminée, un autre rêve émerge, j’espère un peu moins fou mais peut-être que non. Une bande d’adultes-enfants croyant encore pouvoir créer le monde. C’est un peu ce que nous sommes. Et vous savez quoi ? On y arrive !
C’était un petit jardin…